Toutefois, la part de lectrices de BD progresse et, entre 10 et 12 ans, à l’âge où les jeunes français consomment le plus de BD, les filles sont autant lectrices d’albums que les garçons. Plus l’âge progresse, plus la lecture de BD s’amenuise, et plus l’écart entre hommes et femmes se creusent.
Les mangas plébiscités
Autre enseignement de cette vaste étude : face aux comics, magazines et aux romans graphiques, les Français lisent en priorité des albums, et Astérix reste leur BD préférée quel que soit leur âge (devant Sisters et Tintin chez les enfants, et Tintin et One Piece chez les adultes). Néanmoins, derrière, c’est bien la lecture de mangas qui progressent le plus vite. A l’âge de 13 ans, 46% des jeunes Français se déclarent ainsi lecteurs de mangas.
« La lecture de bande dessinée est à la croisée des chemins : si l’album franco-belge règne encore, la poussée du mangé, portée par un lectorat jeune, semble inexorable. Les Français plébiscitent la lecture de bande dessinée, mais selon la génération à laquelle ils appartiennent, ils ne lisent pas la même chose », résume Vincent Monadé, à la tête du CNL. « Le village gaulois s’ouvre au monde, et le manga prend part au banquet », ajoute-t-il.
La famille et le papier
Sans surprise, alors que les enfants lisent en moyenne 12 BD par an et les adultes 3, le format papier est encore largement privilégié : 99% des enfants et 98% des adultes. Un quart seulement des enfants et un tiers des adultes indiquent lire également au format numérique. Dans ce dernier cadre, la tablette et l’ordinateur sont les principaux supports utilisés.
Les parents et les grands-parents (43%) sont par ailleurs les premiers prescripteurs des BD lues par les enfants. C’est aussi par leur cercle familial que ces derniers se procurent leurs albums : pour 69% d’entre eux, leurs parents leur en achètent, pour 32%, leur famille leur en offre. Pour autant, la moitié des enfants expliquent aussi en emprunter à la bibliothèque (51%). Chez les adultes, la lecture est majoritairement motivée par des choix autonomes (55%) et très peu citent l'importance aux conseils d’un libraire (11%). Un quart d’entre eux en emprunte aussi à la bibliothèques.
Niveau distribution, les grandes surfaces culturelles ont la préférence des lecteurs de BD (55% des enfants et 50% des adultes). Viennent ensuite les grandes surfaces alimentaires (41% des enfants et 37% des adultes), puis Internet (43% des enfants et 44% des adultes). A noter : le poids d’Amazon dans l’achat de BD neuves, et ce quel que soit l’âge (36% des enfants et 35% des adultes). Cependant les adultes se rendent davantage en librairie (41%), que les enfants (27%).
Comment, enfin, les Français pourraient lire plus de BD ? L’étude montre que la pratique d’autres activités et ainsi le manque de temps est le premier frein évoqué. Avoir plus de temps serait ainsi le premier levier d’incitation à la lecture de BD chez les Français, surtout pour les lecteurs adultes (47%). Avoir plus de moyens financiers est ensuite cité par 32% des lecteurs. Car, globalement, les Français indiquent en grande majorité vouloir lire plus d’albums de BD : 85% chez les enfants et 73% chez les adultes. Un désir de lectures supplémentaires particulièrement marqué chez les 10-12 ans, où le chiffre atteint 90%.
L’ensemble de l’étude menée par l’Ipsos est disponible dans les documents liés à cette article ainsi que sur le site du Centre national du livre.