C’est à l’occasion de l’exposition éponyme qui se tiendra du 10 mars au 7 septembre à l’Isabella Stewart Gardner Museum à Boston, où il a été en résidence en 2011, que Jean-Michel Othoniel ouvre son Herbier merveilleux, en français et en anglais (1). Un ouvrage où l’artiste polymorphe a pour ambition de raconter et de décrypter la signification symbolique des végétaux. Grâce à son érudition, à ses mots, avec en regard des photos qu’il a prises lui-même dans les collections du Gardner Museum. D’Acanthus (Acanthe) à Zea Mays (Maïs), en suivant l’ordre alphabétique du latin botanique, 107 notices, où la mythologie antique est souvent l’origine, mais la symbolique chrétienne mise en majesté, telle que le Moyen Age l’a codifiée dans ses monastères. Dans sa préface, Othoniel confie qu’il a le sens du sacré, regrettant encore que les vitraux qu’il avait dessinés en 2007 pour une église normande n’aient jamais vu le jour.
Côté profane, le lecteur apprend, au fil de ces pages où il flâne comme en un jardin utopique, que la violette (Viola odorata) en petit bouquet signifiait, au début du XXe siècle, l’amour d’une femme pour une autre, ou que l’églantine (Rosa canina), emblème de la Révolution française, fut aussi la fleur du 1er mai, jusqu’à ce qu’elle soit remplacée par le muguet, en 1907.
Dès le début de sa carrière, en 1989, l’artiste a éprouvé pour les fleurs une passion, que son parcours lui a permis d’exprimer à de nombreuses reprises. Installation dans les jardins de la villa Médicis dont il a été pensionnaire, exposition "Des fleurs en hiver" au musée Delacroix et, bientôt, sculptures-fontaines pour le parc du château de Versailles, qu’il considère comme "l’œuvre de [sa] vie"…
Ce beau livre, dans son écrin, en participe. Son édition française est limitée à 1 300 exemplaires, dont 50 marqués de I à L et 50 hors-commerce, tous numérotés, signés par Jean-Michel Othoniel et accompagnés d’une lithographie. J.-C. P.
(1) The secret language of flowers, chez les mêmes éditeurs.
