« Plus que jamais je ressens la chaîne humaine qui caractérise notre métier : auteurs, libraires, collaborateurs. Nous ne pouvons rien faire les uns sans les autres, mais ensemble nous pouvons faire des miracles et réussir la reprise si nous sommes solidaires.
Partager enthousiasmes et idées neuves
Plus que jamais je mesure l’efficacité (et les dépendances induites) des outils qui dupliquent le réel en virtuel. Pouvoir afficher le visage de mes interlocuteurs et interlocutrices lors des petites « réunions » qui émaillent nos semaines, partager enthousiasmes et idées neuves, recevoir des photos rieuses des étapes capillaires radicales d’un auteur (il a tenté « une Taxi driver », une Titeuf, une Bruce Willis pour finir rasé comme un bonze), discuter à vingt personnes au téléphone, suivre avec cent personnes des quatre coins du monde la conférence d’un agent américain en remplacement de Bologne.
Plus que jamais je m’inquiète des conséquences de cette situation pour nos auteurs les plus fragiles et certains de nos libraires et je me rassure (un peu) en constatant la réactivité des institutions (CNL, Adelc, Sofia, SNE et autres) même si elles n’apporteront pas de solution à tout, loin de là.
Plus que jamais j’aime mon métier qui est celui qui ouvre les portes de l’imaginaire et permet de s’échapper du réel. Que ferions-nous en ces jours où toute relations sociales festives, amicales, amoureuses sont entravées si nous n’avions pas les livres (et les films) ?
Des liens forts dans le privé et dans le travail
Plus que jamais je ressens les liens forts dans le privé mais aussi dans le travail. Le plaisir d’entendre la voix gaie d’une dessinatrice qui s’est aménagé un petit studio dans son garage pour échapper aux turbulences enfantines, la voix confiante d’un journaliste qui se démène pour distraire les enfants à la maison, celle d’une autrice qui vient de réussir sa captation sous une couette pour Lis-moi une histoire.
Plus que jamais j’admire la sensibilité et les prémonitions des auteurs et autrices qui dans leurs ouvrages devinent le monde de demain, témoignent de celui d’hier ou d’aujourd’hui, apaisent, dérangent ou se révoltent.
Plus que jamais j’ai envie de faire confiance aux enfants, nos lecteurs et lectrices pour réagir et inventer un nouveau monde. »
Et vous ? Racontez-nous comment vous vous adaptez, les difficultés que vous rencontrez et les solutions que vous inventez en écrivant à: confinement@livreshebdo.fr