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Tirage record pour Norferville, le nouveau Franck Thilliez

Norferville de Franck Thilliez (Fleuve) est tiré à 180 000 exemplaires - Photo Hannah Assouline Fleuve Editions

Tirage record pour Norferville, le nouveau Franck Thilliez

Imprimé à 180 000 exemplaires, Norferville de Franck Thilliez se présente comme l’enjeu du mois de mai pour son éditeur Fleuve. Une sortie événement doublée de la parution de La Faille chez Pocket et, pour la première fois, d’un cahier de vacances chez 404 Editions.

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Par Julie Malaure
Créé le 29.04.2024 à 16h41 ,
Mis à jour le 29.04.2024 à 21h00

Un nouveau Franck Thilliez est toujours un événement. Norferville, à paraître le 2 mai chez Fleuve, ne fait pas exception. Avec 180 000 exemplaires imprimés, il représente même le nouveau record de tirage pour le maître du thriller français.

Franck Thilliez bénéficie d’une campagne média (affichage, presse, radio…) à la hauteur des ambitions de son éditeur, enchaînant également les rencontres auprès des lecteurs. Demain 30 avril par exemple, il participera à une soirée de dédicaces organisée dans l’ancienne gare classée de Saint-Omer (Pas-de-Calais) : « Les 200 places sont parties en quelques heures et nous avons refusé 400 personnes », raconte le service communication de Fleuve.

Parution simultanée en Italie

Signe de la montée en puissance à l’étranger de Franck Thilliez, dont les livres sont traduits dans le monde entier, Norferville bénéficie d’une parution simultanée en Italie. Une première. Le même jour paraissent également la version poche de La Faille (Pocket) ainsi que – et c’est encore une première – un cahier de vacances au nom de l’auteur. Le cahier d’enquête de Franck Thilliez (404 Editions) propose quatre enquêtes imaginées par l’auteur, avec des jeux, énigmes et les solutions en fin de cahier.

Et Norferville ? Plus sociétal que scientifique, le roman nous emmène dans l’isolement du Grand Nord canadien, là où l’injustice frappe les plus faibles. Le Syndrome E (Fleuve Noir, 2010) emportait le lecteur au Caire et à Montréal, tandis que Gataca, l'année suivante, plongeait dans la touffeur de la jungle amazonienne. À chaque fois, le voyage surgissait au détour du grand labyrinthe de l’enquête, pour la servir et finalement la conclure. Mais ces deux romans exceptés, Franck Thilliez, auteur hexagonal numéro un des rayons polar depuis deux ans selon l’institut GFK, enracine depuis 20 ans ses intrigues sur un sol bien français.

Zone arctique

La surprise est donc de mise avec son vingt-quatrième roman, Norferville. L’histoire démarre chez nous, auprès d’un enquêteur lyonnais, brillant profiler de tueurs en série, avant de prendre le large et de se dérouler entièrement, et pour la première fois, à l’étranger : au Canada en l’occurrence. Le détective et criminologue Teddy Schaffran reçoit la terrible nouvelle de la mort de sa fille dans le Grand Nord. Malgré une relation distendue avec sa fille unique, Morgane, Teddy Schaffran, déchiré par la douleur, s’envole immédiatement pour Norferville, ville minière isolée, située à 4 000 kilomètres au nord de la ville de Québec. Sur place, la police a déjà pris les choses en main. Léonie Rock est mandatée pour enquêter sur la mort de la Française. Le corps de la victime, lardé de coups de couteau, a été abandonné aux abords d’une réserve innue, le peuple de cette zone arctique.

« L'idée de ce livre est née lors de mes vacances d'été il y a cinq ans, nous explique l'auteur. J'ai découvert des espaces immenses, cette nature à la fois magnifique et hostile où devaient certainement se cacher des choses terribles ». Après son précédent roman, La Faille, le treizième de la série des Hennebelle, et Sharko, un récit particulièrement sombre, urbain et souterrain que Pocket réédite simultanément, Thilliez souhaitait quelque chose de « radicalement différent », comme il le fait pour chaque roman intermédiaire.

Huis clos

En repensant à ce voyage, il a tout eu d’abord l'idée d'un « road trip de personnes qui se perdent, d'une situation qui bascule... ». « Et puis je suis tombé sur deux thèmes. Le premier, les villes minières, offrant le décor parfait pour un huis clos, à la manière des villes maléfiques de Stephen King. C’est sur ce modèle que j’ai créé la ville minière de Norsferville. L'autre thème, c’est la disparition des femmes autochtones. Plus de 4 000 meurtres ou disparitions depuis les années 1980, un chiffre énorme comparé aux femmes non-autochtones », poursuit l’auteur.

Ce sujet sociétal, qui tranche avec ses thèmes habituellement plus scientifiques, lui tenait à cœur « parce que c'est au Québec mais cela pourrait se passer ailleurs » et parce que la violence faite aux femmes « parle à tout le monde ». Au Québec, cette violence remonte à l'installation des colons sur les territoires autochtones et à la sexualisation des femmes. « Pensez à Pocahontas, la belle Indienne, poitrine nue, les cheveux libres, armée de sa lance. Elle est devenue un objet de fantasme pour les premiers colons. Et puis il y a l'isolement de ces communautés, le désir de les assimiler, ce qui a permis une légitimation de la violence, tant à l'intérieur des communautés avec des maris violents, qu'à l'extérieur, avec les nombreux meurtres non résolus. »

Une commission d’enquête a été ouverte en 2015, plus de 2 500 familles ont été entendues, avec des conclusions rendues en 2019. Le roman de Franck Thilliez, prenant en compte ces événements, se situe en 2016, avant que le scandale n'éclate. Et c’est comme si le romancier français traçait une voie dans la poudreuse du sujet, très (trop ?) rarement traité par les romanciers canadiens.

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