16 NOVEMBRE - BD France

Photo BAUDOIN/CENTRE POMPIDOU/DUPUIS

S'emparant de la vie et de l'oeuvre de Salvador Dali alors que le Centre Pompidou en propose une rétrospective majeure du 21 novembre 2012 au 25 mars 2013, c'est moins une biographie qu'un livre d'artiste que lui consacre Edmond Baudoin. Le dessinateur, référence de la génération d'auteurs de bande dessinée qui a émergé dans les années 1990 autour des labels indépendants comme L'Association ou Cornélius, a bien rassemblé une masse d'informations sur le peintre et plasticien espagnol excentrique et controversé (1904-1989), qui a fait une oeuvre de son existence même. On entendra les traumatismes de l'enfant - le poids d'un prénom qui fut celui de son frère mort neuf mois avant sa naissance, le décès de sa mère alors qu'il n'a que 17 ans... On saura son amitié avec le poète Federico Garcia Lorca, assassiné pendant la guerre civile ; sa collaboration avec Luis Buñuel pour Un chien andalou. On connaîtra son impuissance, ses fantasmes, son narcissisme et sa paranoïa, sa violence volontiers sadique mais aussi son génie précoce, sa considérable capacité de travail. On verra son refuge de Port Lligat, près de Cadaqués, en Catalogne, et sa rencontre en 1929 avec Gala, la compagne de Paul Eluard, qui deviendra son épouse et sa muse. On suivra son parcours politico-artistique sinueux, de l'anarchisme au communisme et au surréalisme avant la complaisance à l'égard du franquisme.

Mais s'il déroule peu ou prou les étapes de la vie du peintre du Grand masturbateur, de Persistance de la mémoire (également connu sous l'intitulé Les montres molles), L'angélus architectonique de Millet, Métamorphose de Narcisse ou encore Le torero hallucinogène, Baudoin les transcende pour remonter, en artiste, aux sources de l'inspiration du maître et saisir les ressorts de son cheminement créatif. Disposant sélectivement de ces couleurs dont Dali a largement usé, le dessinateur multiplie les portraits de l'artiste à ses différents âges, il réinterprète sa peinture, revisite les lieux qui lui étaient chers, se met lui-même en scène pour évoquer des facettes de sa personnalité. Et cerne ainsi Dali de toutes parts dans une évocation singulière et personnelle.

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