Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

Photo PHOTO OLIVIER DION

Belle revanche pour Blaise Renaud, le jeune P-DG des librairies Renaud-Bray, qui s’était mis à dos l’essentiel du monde du livre québécois par une stratégie de tension qui a culminé l’an dernier dans un bras-de-fer désastreux avec le distributeur Dimedia, l’acquisition de son principal concurrent, Archambault, interpelle bien au-delà du Québec. Avec 30 succursales Renaud-Bray et 14 Archambault, avec les atouts du premier dans la vente en ligne et ceux du second dans le livre numérique, le groupe Renaud-Bray va hisser sa part des ventes de livres au Québec de 25 à environ 40 %. Un choc majeur sur un marché fragile.

Ce qui frappe plus encore, c’est que ce nouveau stade de concentration de la librairie québécoise ne provient pas d’un échec stratégique ou d’un effondrement des performances d’Archambault comme en ont vécus les chaînes faillies Borders (Etats-Unis), Red Group (Australie),Virgin ou Chapitre (France). Il découle d’une réévaluation de ses priorités par le groupe de médias Québecor, propriétaire d’Archambault et par ailleurs premier éditeur au Québec. La cession d’Archambault à Renaud-Bray illustre une nouvelle fois les risques que fait courir au secteur la dilution des activités d’édition ou de librairie dans de vastes conglomérats que leurs intérêts portent très loin de ceux du livre.

Les concentrations feront d’ailleurs partie des questions débattues aux 3es Rencontres nationales de la librairie (RNL), les 21 et 22 juin à Lille. Depuis le sud-ouest de la France où se tenaient, il y a deux ans à Bordeaux, les 2es RNL, Livres Hebdo entame cette semaine une traversée sud-nord de l’Hexagone, en cinq étapes chez des libraires qui se font l’écho de leurs défis quotidiens, dont la première à L’Escampette, à Pau.

En parallèle, nous publions nos premières avant-critiques des romans, essais et romans graphiques à paraître à la fin août, levant le voile sur les nouveautés de la prochaine rentrée littéraire. Un autre voyage, avec Bernard Chambaz dans la Russie de Poutine, Sébastien Rongier dans la France de Giscard, Franck Maubert dans un Paris de fêtes, Atiq Rahimi dans l’Afghanistan et l’Inde de la fin du XXe siècle, Jane Sautière dans sa géographie intérieure ou encore Alexandre Seurat dans une enfance martyre. Avant-goût d’une rentrée très ouverte.

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