Exposition

Nicolas de Staël, la flamme et le pinceau

Nicolas de Staël - Sicile - 1954

Nicolas de Staël, la flamme et le pinceau

Deux décennies après la rétrospective du Centre Pompidou, le Musée d’art moderne de la ville de Paris rend hommage à Nicolas de Staël, auteur d’une œuvre fulgurante entre abstraction et figuration, abrégée par son suicide à l’âge de 41 ans. Une exposition qui s'accompagne de plusieurs publications. 

J’achète l’article 1.5 €

Par Sean Rose
Créé le 14.09.2023 à 18h50

Vingt ans après sa dernière grande exposition monographique au Centre Pompidou, Nicolas de Staël (1914-1955) a les honneurs des cimaises du Musée d’art moderne de la ville de Paris (MAMVP). L’occasion de réévaluer un peintre dont la carrière fulgurante – quelque 2000 tableaux et dessins en 15 ans – et la fin tragique – il se jette du toit-terrasse de son atelier à Antibes – ont parfois occulté l’œuvre. L’artiste français, fils de Russes blancs, tôt orphelin, exilé, élevé par un couple d’industriels belges d’origine russe, a un parcours des plus romanesques. Élancé, ténébreux, il a en outre le physique d’une vedette de cinéma : sa mort le fait entrer dans le panthéon des « poètes maudits » et autres suicidés de la société. Pis encore, c’est un peintre populaire, un affront pour une certaine critique trop snob et obtuse pour accepter qu’on puisse être à la fois accessible et profond.

Ainsi le montre cette belle exposition sous la houlette des commissaires Charlotte Barat-Mabille et Pierre Wat, avec le conseil scientifique de Marie du Bouchet, coordonnatrice du Comité Nicolas de Staël et petite-fille du peintre. Ce bourreau de travail qui explore sans relâche et cherche ouvrir à travers chaque toile un espace pictural sans cesse renouvelé. Des débuts « Le voyage d’un peintre (1934-1947) » sous influence cubiste subreptice à l’ultime période d’Antibes (1955) en passant par ces paysages à la stylisation géométrique qui laisse pénétrer la présence du monde (1952) ou ces éclatantes compositions de Sicile et de soleil méditerranéen (1953-1954)… « Chaque année fait période », pointe Pierre Wat.

Cette rétrospective nous invite à admirer des grandes toiles comme de nombreux petits formats, pour certains jamais vus (un quart des œuvres exposées proviennent de collections privées). Cette fluctuation entre abstraction et figuration fascine et séduit. « Je n’oppose pas la peinture abstraite à la peinture figurative, disait-il. Une peinture devrait être à la fois abstraite et figurative. Abstraite en tant que mur et figurative en tant que représentation l’espace ».

Staël, c’est la flamme et le pinceau, une énergie créatrice qui explose à la surface de la toile, pulvérise le cadre, irradie en mille vibrations chromatiques. C’est le pinceau comme flambeau.

Nicolas de Staël dans son atelier, rue Gauguet, Paris, 1954. Photographie de Denise Colomb
Nicolas de Staël dans son atelier, rue Gauguet, Paris, 1954. Photographie de Denise Colomb- Photo CATALOGUE - PARIS MUSÉES

Catalogue, sous la direction de Charlotte Barat et Pierre Wat, Paris Musées / MAMVP 282 p. 49 €

Nicolas de Staël, Le voyage au Maroc, présenté et annoté par Marie du Bouchet, Arléa « La rencontre », 192 p., 22 €

Stéphane Lambert, Nicolas de Staël : La peinture comme un feu, Gallimard, 224 p., 42 €

Karine Müller, Nicolas de Staël : enfant de l'étoile polaire, Selena éditions, 120 p., 12 €

 

« Nicolas de Staël », Musée d’art moderne de la ville de Paris, jusqu’au 21 janvier 2024, www.mam.paris.fr

 

Les dernières
actualités