Guerre de clans. Après le succès de la saga Blackwater, les éditions Monsieur Toussaint Louverture poursuivent avec Les aiguilles d'or la construction d'une « Bibliothèque Michael McDowell », écrivain populaire maître du page-turner disparu en 1999.
New York, 1882. Alors qu'on célèbre, dans les salons comme dans les bouges, la nouvelle année, deux enfants tirent une charrette derrière eux, « petits chiffonniers [...] silencieux, las et lents, taches sombres de misère glacée au milieu des réjouissances du réveillon ». Dans leur charrette, le corps sans vie d'une jeune femme, qu'ils revendent sept dollars. Ella et son frère Rob sont les rejetons d'une lignée de criminelles, les Shanks, menée par leur grand-mère Lena. Tandis que les pièces sonnent dans leurs petites mains en échange du cadavre, le juge James Stallworth reçoit dans sa demeure de Washington Square. Avec l'aide de son fils Edward, pasteur aux sermons enflammés, et de son gendre Duncan, jeune avocat promis à un brillant avenir, il entend renforcer la position de sa famille dans la bonne société new-yorkaise en éradiquant la criminalité qui gangrène les quartiers les plus pauvres de la ville. Sa cible : le Triangle Noir, épicentre du vice, où plus d'un fils de bonne famille se fait chaque soir dépouiller pour avoir voulu s'encanailler. Parmi eux, Benjamin, le petit-fils du juge, dont les dettes de jeu et les mauvaises fréquentations risquent de contrarier les ambitions du patriarche...
Conte cruel et gothique, à mi-chemin entre Dickens et West Side Story, Les aiguilles d'or plonge son lecteur dans les bas-fonds d'une ville au parfum d'opium. À l'image d'un théâtre d'ombres, les lueurs des lanternes rouges animent danseurs et prostituées, combats de filles et jeux truqués, dans une atmosphère interlope où les damnés de la terre se mêlent aux puissants. Derrière l'écran de fumée des conventions sociales, les fortunes se font et se défont, mais la pugnacité nécessaire pour survivre et exister dans cette ville monstre en révolution permanente ne semble dépendre que du dieu dollar. Emprunts d'humour noir et d'un goût certain pour le macabre, les romans de Michael McDowell dépeignent la nature humaine avec acuité mais sans froideur. Comme on avait, devant nos écrans, pris parti pour les Jets ou les Sharks, on oscille dans ce roman impeccablement mené entre les Shanks et les Stallworth.
Les aiguilles d'or
Monsieur Toussaint Louverture
Tirage: 80 000 ex.
Prix: 12,90 € ; 520 p.
ISBN: 9782381961361