Rapport

La suppression de la Bibliothèque départementale des Yvelines: un bilan négatif

La Bibliothèque départementale des Yvelines. - Photo street view

La suppression de la Bibliothèque départementale des Yvelines: un bilan négatif

En 2016, le Conseil départemental des Yvelines a remplacé son équipement dédié à la lecture publique par un "pôle de développement culturel" aux missions plus larges. Un rapport de l’Inspection générale des bibliothèques, publié le 12 septembre, pointe les multiples effets néfastes de ce choix.

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Par Véronique Heurtematte
Créé le 15.09.2017 à 20h00

Le rapport de l’Inspection générale des bibliothèques sur la suppression de la Bibliothèque départementale des Yvelines, survenue en juin 2016, livre un constat sans appel: cette disparition a des effets négatifs sur la lecture publique et les bibliothèques dans le département francilien.
 
En 2015, la nouvelle équipe d’élus arrivée à la tête du département décide de mettre en œuvre une nouvelle politique culturelle destinée à "repositionner le département à son juste niveau d’intervention", dans un contexte de recherche d’économies et de baisse des budgets. Cette nouvelle orientation met en avant la transversalité entre les différents secteurs culturels.
 
A la même période, la Bibliothèque départementale des Yvelines (BDY), montre des signes de faiblesse: une équipe réduite, pas de stratégie documentaire, une offre de services peu qualitative et mal adaptée aux nécessités et aux réalités des territoires et de ses bibliothèques, un bâtiment mal situé et mal desservi par les transports en commun.

La BDY disparaît donc, sont bâtiment est fermé, ses collections sont dispersées. Elle est remplacée par un Pôle de développement culturel (PDC) aux missions élargies, que rejoint une grande partie de l’ancienne équipe de la BDY.

Un Vivier peu utilisé
 
Le département réorganise également ses dispositifs de subventions pour le secteur culturel. Désormais, il souhaite subventionner des projets et nom des équipements. Il revendique d’exercer sa compétence "Lecture publique" sans passer par un équipement, par la desserte de documents ni aucune intervention directe mais en construisant des projets de territoire qui prennent en compte leurs spécificités. L’attribution des financements se fait sur appels à projet. Le portail en ligne Lire en Yvelines est remplacé par une plateforme s’adressant à l’ensemble des acteurs du livre et baptisé Le Vivier.
 
Or le bilan de la première année de ce nouveau fonctionnement montre que les bibliothèques ont peu profité des financements sur appel à projet, seuls 8% des fonds attribué dans ce cadre concernant la lecture publique. Les bibliothécaires, salariés ou bénévoles, sont peu nombreux à utiliser la plateforme en ligne.
 
"L’arrêt des fonctions de bibliothèque en tant que réservoir et service de diffusion documentaire ne signifie pas cependant que le Département n’assume plus la compétence, reconnaît Françoise Legendre, auteure du rapport. Un dispositif d’aide financière et d’appels à projets, une équipe qualifiée formée aux missions dans le domaine de la lecture, l’inscription du volet lecture dans la politique générale du département constituent des éléments qui nourrissent une compétence assumée".

Aucune offre numérique
 
Mais dans un département qui a de grands besoins en matière de lecture publique, la suppression de la BDY a des conséquences négatives certaines. "La suppression de la collection documentaire départementale conduit à un appauvrissement qualitatif et quantitatif de l’offre aux habitants, analyse Françoise Legendre. Par ailleurs, aucune offre numérique n’est proposée au réseau de bibliothèques. Quelles que soient les actions menées, c’est un affaiblissement durable d’une dimension fondamentale de la lecture publique sur le territoire départemental".
 
L’inspectrice générale des bibliothèques pointe aussi l’absence de logique dans la démarche du Département : "La suppression de la BDY et de son offre documentaire est intervenue avant que ne soit fait un diagnostic et avant l’élaboration d’un plan départemental de développement de la lecture. Cette absence de schéma directeur et la méthode appliquée font s’interroger sur l’importance accordée par le département au développement de la lecture publique au sein de sa politique culturelle. [...] La suppression de la BDY est irréversible, or aucune consultation n’est intervenue en amont".

Baisse drastique des moyens humains et financiers pour un champ de compétence plus large
 
Les dépenses des Yvelines pour la lecture publique ont fortement diminuées: 15 emplois dans le Pôle de développement culturel (PDC), qui se consacrent à l’ensemble des secteurs culturels, contre 22 emplois à la BDY, uniquement dédiés à la lecture. 150000 euros de budget de fonctionnement pour le PDC contre 342276 pour la BDY en 2013. Les aides aux bibliothèques, investissements et fonctionnement confondus représentaient plus d’un million et demi en 2014, et seulement 365826 euros en 2016.
 
Lors des dernières journées d'étude de l’ADBDP (Association des directeurs et personnels de direction des bibliothèques départementales de prêt), en septembre 2016, à Caen, la fermeture de la Bibliothèque départementale des Yvelines avait suscité de vifs débats. Nul doute que ce rapport sera commenté lors des prochaines journées d’étude de l'association qui se tiendront à Strasbourg du 18 au 20 septembre.

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