Entretien

Gilles Pécout : « La BnF doit continuer à assurer son rôle dans le rayonnement de la francophonie »

Gilles Pécout en 2018, alors recteur de l'académie de Paris - Photo THOMAS SAMSON / AFP

Gilles Pécout : « La BnF doit continuer à assurer son rôle dans le rayonnement de la francophonie »

Leçons retenues de ses précédents postes de recteur et d’ambassadeur, francophonie, intelligence artificielle, dialogue social, cohabitation des publics… le nouveau président de la Bibliothèque nationale de France Gilles Pécout esquisse pour Livres Hebdo les articulations clés de son mandat entamé le 18 avril.

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Par Fanny Guyomard
Créé le 02.05.2024 à 10h53

Depuis le 18 avril, Gilles Pécout préside la Bibliothèque nationale de France, prenant la suite de Laurence Engel, qui rejoint la Cour des comptes. Administrateur du Musée des Invalides depuis 2010 et décoré de la Légion d’honneur en 2014 par le ministère de la Culture, il compte s’inscrire dans le sillage de sa prédécesseuse, avec une casquette d’historien enseignant-chercheur.

 

Livres Hebdo : Vous avez dirigé le département d'histoire de l'École normale supérieure, puis été recteur, à Nancy-Metz (2014-2016) et à Paris (2016-2020) avant de devenir l’ambassadeur de France en Autriche. De ce parcours, que pourriez-vous mobiliser à votre nouveau poste ?

Gilles Pécout : Je garde de ma formation d’historien et de ma pratique professionnelle d’enseignant-chercheur un intérêt fondamental pour la recherche et l’enseignement. J’ai exercé mes précédentes fonctions de recteur ou d’ambassadeur en essayant de revenir aux sources d’un phénomène pour en comprendre le processus, en avoir une connaissance globale. Je retiens aussi de mon parcours l’importance du travail collégial dans la gestion humaine d’une grande communauté de travail.

D’où tenez-vous votre image de gestionnaire exigeant ?

Je ne sais pas d’où me vient cette réputation, mais ce que je sais, c’est que, comme tous les fonctionnaires à un poste de haute responsabilité, et donc comme mes prédécesseurs, je me suis toujours donné l’ambition claire - et évidente - de gérer avec rigueur l’argent public pour pouvoir honorer au mieux nos missions de service public. Etre un « gestionnaire exigeant » c'est continuer à gérer l’établissement en étant soucieux de la bonne santé de ses structures matérielles et des conditions de travail de ses employés pour justifier de l’importance de la dépense publique et des missions de service assignées.

« Aucune coupe budgétaire n’est annoncée ni prévue pour le vaisseau amiral de la culture française » 

La réputation de la BNF : un établissement difficile à diriger, avec des grèves à répétition et un budget restreint…

Je ne pense pas ni ne peux laisser dire que le premier budget de la Culture en France est un « budget restreint ». D’autant qu’aucune coupe budgétaire n’est annoncée ni prévue pour le vaisseau amiral de la culture française. Pour donner réponse à ce que vous dites de la difficulté de l’établissement et du reste, je me contenterai de souligner deux choses : c'est l’un des établissements où le degré de compétence à tous les postes est le plus élevé et reconnu. Et je vois que le dialogue social y est très présent, et n'a jamais été rompu.

Quels projets souhaitez-vous mener ?

Mes projets s’inscrivent dans le sillage de mes prédécesseurs, à commencer par ceux lancés par mon prédécesseur direct et souhaités par notre ministère : la construction du Conservatoire National de la Presse et d’un pôle de conservation à Amiens. Il va de soi que le rapport à la communauté scientifique, au monde de l’édition et de la librairie structurera aussi notre action. Je serai par ailleurs, notamment en raison de mon expérience récente d’ambassadeur, très soucieux de maintenir et de raffermir le rôle international de la Bibliothèque. La BnF est au coeur du réseau des bibliothèques francophones du monde et elle doit continuer à assurer son rôle dans le rayonnement de la francophonie.

« L’intelligence artificielle est l’un de nos grands défis » 

Laurence Engel était la chantre de l’ouverture la plus large à tous les publics : comment aller plus loin ?

Le défi est de continuer à faire de la BnF un lieu de recherche tout en montrant concrètement et grâce à la coexistence des publics et des lecteurs qu’elle est un haut lieu de la démocratisation de la culture et des savoirs. A ce titre, le musée de la BnF, situé au cœur du site Richelieu, et qui permet de découvrir la richesse et la diversité de ses collections, en est un bel exemple. La Bibliothèque est un lieu de conservation patrimoniale grâce au dépôt légal et à ses services spécialisés, et c’est bien parce qu’elle est liée à notre patrimoine commun qu’elle est par excellence un pôle scientifique et un lieu de diffusion et de partage de la culture.

Réfléchissez-vous aux nouveaux usages de l’intelligence artificielle dont pourrait s’emparer la BnF ?

La bibliothèque travaille depuis plus de vingt ans sur le numérique et est considérée dans le monde entier comme un acteur de référence, à travers l’archivage du web notamment. L’intelligence artificielle est l’un de nos grands défis et nous nous y consacrons de multiples façons, à travers de nombreux projets de services pour les lecteurs, de nouveaux outils mis à disposition des chercheurs avec le Datalab de la BnF par exemple. Nous travaillons avec nos collègues au niveau international au développement de ces nouveaux outils. Les bibliothèques ont un grand atout pour cette technologie : un immense réservoir de données.

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