Disparition

« Tai-Luc était sérieux, toujours pertinent, fraternel, discret, poli. Loin de l’image qu’on peut se faire d’un ancien chanteur de groupe punk », raconte Jérôme Callais, le président de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris. Une profession sous tension depuis que, il y a quatre mois et demi, la ville de Paris menace de retirer leurs boîtes et leur accréditation à l’occasion des Jeux olympiques l’été prochain. 

L’ancien chanteur de La Souris déglinguée, dont les chansons aussi étaient plus simples et plus douces que ne le laisse suggérer leur nom, était également spécialiste des langues asiatiques et professeur à l’Inalco. Sa librairie vert wagon, qui jouxtait celle de sa compagne quai de Gèvres, était d’ailleurs réputée pour son fonds asiatique exceptionnel. On peut trouver chez l’Harmattan son ouvrage sur « la langue lü telle qu'elle est parlée et écrite par les Taï des Sipsong Panna, au yunnan, en Chine », paru en 2008.

« Il anticipait le démantèlement des boîtes, craignant, comme beaucoup d’entre nous, que cela soit fait dans la hâte et n’importe comment par les sbires de la mairie. Et il se raconte entre nous que c’est en tentant de prévenir cette agression annoncée, alors qu’il remontait des livres de sa cave et forçait un peu trop, que son asthme lui a été fatal. C’est en tout cas un choc pour nous toutes et tous. Et nous n’en avions pas besoin. J’espère que nous saurons faire honneur à sa mémoire », explique Jérôme Callais à Livres Hebdo. 

De l’avis de tous, et à en croire les hommages qui lui sont déjà rendus, celui qui passait « à toute vitesse les moments de sa vie » emporte avec sa mort, à 65 ans, gravés dans son sillon, beaucoup d’admiration, d’amitiés et de combats.

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